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"Combien de temps couvre le récit?"

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Triptyque, 330cm x 130 cm

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Jet d'encre, exemplaire unique

La démarche artistique qui est la mienne pourrait être la recherche de territoires inconnus où peu à peu apparaissent des lignes de reconnaissance avec des relations nouvelles, mais naturelles. C’est une longue alchimie. Je recherche l’incertitude liée au dépaysement.
Au début, après le défrichement initial, le labour et le réensemencement, apparaissent certaines plantes. Ces apparitions révèlent un certain ordre.
J’esquisse un espace poétique en phase avec le monde qui nous fait face. Ce monde est inestimable, nous devons le regarder pour le voir. J’interroge la mémoire dormante et affirme, comme le dit Jacques Derrida : « voir, c’est voir ce que l’on ne voit pas ».
Le parti pris de la pauvreté, le pari d’élargissement de la conscience qui rejoignent mon expérience personnelle, sensorielle et intellectuelle.
Ce triptyque est composé d’une image centrale qui est un dessin sur lequel le spectateur pose son regard et est regardé par une multitude de présences.
Le choix du coquelicot n’est pas le fruit du hasard, c'est une plante colonisatrice, après le tabula rasa initial des friches (jachère), parmi les premières plantes pionnières. Les coquelicots se présentent tôt et puis, très vite disparaissent, en laissant en terre de minuscules graines au goût délicieux et aux propriétés secrètes, qui, plus tard, lors d'un prochain labour, par exemple, refleuriront. Plantes fragiles qui ne résistent pas à la cueillette, elles sont pour moi le symbole de la fragilité.
Cette disparition évoque le temps, celui de la création et celui de la disparition qui offre sa trace sous une forme différente.
Dans le cadre de ce travail, ces coquelicots ont été cueillis. Ils se décomposent et leurs restes humides forment un liquide acide qui va graver les deux plaques de métal qui les enserrent (au propre comme au figuré, voir images ci-dessous). Leurs images formeront les parties gauche et droite du triptyque.
Les deux pièces latérales représentent la transformation de l’image première du coquelicot, il s’agit d’une gravure naturelle.
Mon travail sur le lien entre la représentation abstraite et la représentation figurative s’articule comme une métaphore du visible.

L’image centrale raconte une histoire : la maîtrise de la main qui va à la rencontre de l’activité de la nature et s’y associe sans la remplacer. Cette association provoque une sorte de retournement: dans l’image ont pris place bon nombre de spectateurs qui à leur tour regarde celui qui leur font face.


 

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